Dans un rapport qu’elle rend public le 3 juin 2025 "Le droit à l’orientation dans l’enseignement secondaire : un droit à déployer pour tous les jeunes", la Défenseure des droits alerte sur les failles d’un système d’orientation dans l’enseignement secondaire peu lisible, morcelé et inégalitaire, alors même qu’il engage l’avenir de millions de jeunes. Elle appelle à une prise de conscience collective pour faire de l’orientation un véritable levier d’émancipation, de choix et de prise en compte de la parole des jeunes.
Droit au conseil en orientation et à l’information : un droit essentiel encore méconnu
Le droit au conseil en orientation et à l’information prévu par le code de l’éducation (article L313-1), renvoie à de nombreux droits de l’enfant garantis par la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) : le droit à l’éducation, le droit d’exprimer son opinion et que cette opinion soit entendue, le droit d’être protégé contre toute forme de discrimination, ou encore la primauté de « l’intérêt supérieur de l’enfant ». Choisir son orientation de manière éclairée prévient le désinvestissement, l’échec et le décrochage scolaires et permet d’échapper aux déterminismes sociaux. C’est aussi la condition essentielle d’une insertion réussie sur le marché du travail ainsi qu’un facteur de confiance dans les institutions. Pourtant, de trop nombreux jeunes méconnaissent leurs droits et subissent leur orientation, faute d’un accompagnement adapté, d’une information claire et accessible ou d’une réelle prise en compte de leur parole.
Une responsabilité de l’orientation morcelée et peu lisible
Si l’orientation scolaire fait l’objet d’une politique publique dédiée, cette dernière pâtit d’une organisation peu lisible à chaque échelon de sa mise en œuvre, notamment du fait d’une compétence scindée entre l’État et les régions. Le Défenseur des droits pointe une confusion sur les rôles et compétences de chaque acteur. Ce manque de coordination est préjudiciable aux jeunes, qui, malgré une pluralité d’informations et d’interlocuteurs et faute de lisibilité, ne parviennent pas à se saisir de l’ensemble de l’offre et des ressources produites.
Par ailleurs, le rapport rappelle que les ressources humaines et financières allouées aux acteurs de l’orientation scolaire ne leurs permettent pas d’effectuer les missions confiées : les experts de l’orientation tels que les psychologues de l’Éducation nationale (PsyEN) sont trop peu nombreux pour accompagner l’ensemble des jeunes et la formation des professeurs ainsi que leur préparation à l’accompagnement des élèves en matière d’orientation apparaissent insuffisantes.
Des dysfonctionnements dans les parcours d’orientation qui entravent les choix des jeunes
Le parcours d’orientation des jeunes est marqué par plusieurs étapes clés – stages, conseils de classe, affectation, réorientation – qui devraient leur permettre de construire un projet adapté et éclairé. Leur mise en œuvre reste cependant inégale, ou affectée par des dysfonctionnements importants. Par exemple, les heures dédiées à l’orientation ne sont toujours pas prévues dans les emplois du temps, et l’accès aux stages, qui se multiplient au cours de la scolarité, reste marqué du sceau des inégalités.
Le fonctionnement du conseil de classe révèle également des biais sociaux importants : à performances égales, les décisions d’orientation diffèrent fortement selon le milieu social du jeune. De plus, la parole des élèves est encore peu prise en compte, et les procédures de recours restent opaques et inégalitaires. Par ailleurs, l’orientation vers la voie professionnelle souffre d’une image dévalorisée, malgré sa pertinence pour de nombreux parcours. Enfin, la numérisation croissante des démarches d’orientation renforce les inégalités entre élèves selon leurs ressources et leur environnement familial.
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Source: Le Défenseur des droits, France